Mardi 7 aout, Agra
Nous prenons comme la veille un bon petit déjeuner sur la terrasse puis rejoignons le taxi qui est ponctuel.
La route est monotone, et change des paysages grandioses de montagne auxquels nous sommes habitués. Les traversées des villages, qui prennnent souvent une heure, sont toujours pénibles tant la circulation y est dense et anarchique, mêlant vélos, tchouk chouck, motos, voitures, bus, camions, chevaux et même des buffles noirs eux longues cornes courbées tirant des remorques. Le taxi nous met une musique que j’aime beaucoup, j’aurais dû lui demander des références. Il a d’ailleurs lui-même l’air assez fier de sa sélection, il regarde dans le rétroviseur comment je réagit a chaque fois qu’il change de disque.
Nous arrivons à Agra à 19h, nous indiquons au chauffeur l’adresse de l’hôtel où nous avons choisi de loger, le Tourist Rest House, ainsi que le quartier où il se trouve, mais il ne connait pas du tout la ville et tourne une bonne demie heure avant de nous laisser à la gare. Nous demandons à un tchouk tchouk qui ne sait pas non plus. C’est finalement un jeune à qui nous montrons les coordonnées de l’hôtel sur le guide qui l’appelle avec son portable puis le passe un au conducteur de tchouc tchouc pour qu’il leur explique comment y aller comment y aller.
Le tchouk tchouk tourne un certain temps également, et je vois bien en suivant avec mon plan et ma boussole qu’il s’est trop éloigné du centre. Je crains un instant d’être tombé dans l’arnaque qui était assez classique à Dehli, et qu’il nous amène dans un bouiboui crasseux tenus par des amis à lui. Je lui explique « too far, not the good way ». Et comme par miracle, il nous dépose deux minutes plus tard pile devant l’hôtel. Lui-même semble ne pas y croire, et a du mal à cacher sa fierté d’y être arrivé. A la fois content et rassuré je lui paye la course avec un bon bonus, et lui serre fermement la main. Je lis alors dans ses yeux qu’il n’est pas habitués à ce genre de gratification personnelle qui semble lui aller droit au cœur. Il me rappelle ce porteur népalais avec qui nous avions comparé nos photos sur nos téléphones respectifs, et pour qui une relation d’égal à égal avec un touriste occidental semble créer un choc émotionnel.
Nous n’avons pas réservé et la réception nous informe que nous avons de la chance car il ne reste qu’une seule chambre. Juste après nous, entrent les israéliens qui étaient au même hôtel que nous à Rishikesh, et qui devront repartir vers un autre hôtel avec leur montagne de bagage.
Cette dernière chambre est en mauvais état, très humide, la climatisation fait un bouquuant d’enfer mais pas de froid, et il est impossible de l’arrêter.
Nous descendons diner à l’hôtel du restaurant dans la cour intérieure, sous des ficus géants, peut être les mêmes que les fameux arbres de la bodhi sous lesquels Bouddha a trouvé l’éveil pour la première fois. Le repas est bon, mais l’eau en bouteille a un gout suspect et nous la faisons changer. Pour la première fois depuis le début de notre voyage, nous nous faisons agresser des moustiques.
Nous allons nous coucher dans la chaleur et le vacarme de la climatisation. J’ai l’impression de dormir dans une cabine au-dessus des moteurs d’un ferry quand nous allons en Corse. Je m’endors en me disant que c’est exactement ça, nous partons pour la Corse !