Mardi 31 Juillet – Mana
Il bruine lorsque nous nous réveillons. Nous prenons notre petit déjeuner à notre restaurant de la veille où je comande deux parathas, un pour maintenant et un autre pour le pique-nique du midi. La pluie cesse, le soleil apparait.
Nous repartons pour Mana avec pour objectif de retourner à la cascade et de continuer ensuite le chemin. Nous interpellons un car vide qui s’y rend. Le chauffeur s’arrète, nous fais monter, et nous y amène, mais le car se trouve bloqué à l’entrée par un jeune d’une vingtaine d’années qui explique au chauffeur que le village est fermé pour cause de fête religieuse, et que nous devons faire demi-tour. Je reconnais le sadhu de la veille, mais sans les cendres. Il parle au chauffeur en nous montrant du doigt, ce qui me laisse penser que ce sont les touristes qui sont particulièrement interdits pendant cette période.
Le car nous ramène à Badrinath d’où nous repartons à pieds pour tenter de rejoindre le chemin de la cascade en empruntant le sentier de l’autre côté de la rivière, et en espérant qu’on nous laisse passer puisqu’on ne souhaite pas aller au centre du village, mais juste le contourner. Ce n’est visiblement pas possible. Nous faisons demi-tour.
Nous entreprenons alors de remonter par le chemin qui longe le Rishi Ganga, et que nous avions déjà emprunté le jour de notre première excursion à Badrinath. Très vite nous nous retrouvons dans les nuages et commençons à avoir froid. Nous faisons demi-tour.
A mi hauteur nous nous arrêtons à un espace de méditation qui surplombe le village. L’endroit est très paisible et la vue magnifique. Il semble rattaché à un temple juste à côté. Nous croisons le sadhu qui nous avait fait visiter son petit temple un plus haut dans la montagne. Il nous reconnait, et me dit qu’il a bien reçu le Sms que je lui avais envoyé pour l’informer que nous ne ferions pas le trek vers Santopanth, mais que ce message a provoqué une panne de son téléphone et que du coup il a perdu tous ses contacts. Après m’être excusé, je lui demande si nous pouvons nous installer quelques instants à cet endroit magnifique, il nous répond que ce n’est pas lui le responsable de ce temple, mais que cela ne pose a priori pas de problème.
Rentrés au village, nous prenons du thé et des gâteaux, et réservons ensuite un car qui semble en bon état et doit partir le lendemain à cinq heures.
Nous retournons diner au même restaurant que la veille, puis allons faire un tour devant le temple du village tout illuminé dans la nuit. Je fais la connaissance d’un curieux personnage, un Sadhu avec une immense barbe qui parait très agé, mais doté d’une énergie telle qu’on lui donnerait vingt ans, si bien que je me demande un moment si ce n’est pas un jeune qui s’est déguisé, et je me retiens de lui tirer sur la barbe pour vérifier si c’est le cas. Il me demande d’abord si je crois à “tout ça”, à la réincarnation, au renouvellement perpétuel de choses. Je suis très embêté pour répondre a cette question totalement inatendue qui aura au moins le mérite de faire en sorte que je me la pose à moi même. Il me propose alors sa bénédiction, en me précisant bien qu’elle a énormément de valeur, car il n’est pas n’importe quel sadhu de passage, mais vit ici six mois de l’année. Il me demande si je peux lui donner ma lampe de poche, je lui réponds que j’en ai encore besoin. Notre conversations s‘arrête là. Il commence à s’éloigner, puis se retourne et se jette sur moi pour me donner un tape sur le front. La bénédiction !