Voyage en Inde

Lundi 30 juillet – Mana

L’excursion du jour est Mana, un tout petit village situé à 3 kilomètres de Badrinath en remontant la vallée vers la frontière tibétaine.

Nous empruntons le pont au dessus de la rivière Alaknanda pour arriver au temple, et tournons à droite où démarre le chemin pour Mana. Le temps se dégage progressivement tout en restant globalement gris. Sur notre gauche, à flanc de montagne, nous voyons le chemin qui part vers Satopanth et monte progressivement dans la montagne pour ensuite disparaitre.

Arrivés en face de Mana, mais sur l’autre rive, nous hésitons à traverser la rivière à cet endroit en allant d’ilots en ilots, reliés entre eux en par des passerelles constituées de simples planches posées sur les pierres, jusqu’à un pont un peu plus robuste bien qu’artisanal qui enjambe le bras principal de l’Alaknanda. Après un quart d’heure d’hésitation nous nous apercevons qu’en fait certains ilots de ce labyrinthe ne disposent pas de passerelles, et sont donc inaccessibles.

Nous préférons longer le flanc de la montagne en espérant trouver un pont un peu plus loin. Après 30 minutes de marche dans un chemin qui devient de moins en moins praticable, et bien qu’un paysan nous ait confirmé qu’on peut remonter la vallée en allant tout droit, nous nous rendons à l’évidence,  ce chemin ne mène nulle part.

Nous faisons demi-tour pour traverser en face du village, là ou nous avions renoncé un peu plus tôt. Nous franchissons d’abord les ilots de galets, en marchant sur des planches quand elles ont été posées pour servir de passerelles, ou à défaut en sautant au dessus de l’eau ou en marchant pied nus dans l’eau. Vient ensuite le bras principal qui est assez impressionnant. Deux planches côtes à côtes, solidarisées par un grillage qui les entoure, tiennent lieu de pont d’environ six mètres de long, surplombant un torrent d’eau en furie qui descend de la montagne. Ce n’est qu’après l’avoir passé, et en voyant le regard des indiens qui nous observaient, que je me suis dit que c’était un peu de l’inconscience. En cas de chute, nous aurions été pétrifiés par cette eau glaciale puis vraisemblablement baladés par les tourbillons d’eau sur une centaine de mètres au milieu  des rochers.

Cet exploit étant réalisé, nous montons au village et nous installons sur une terrasse disposant d’une très belle vue sur la vallée pour prendre un chaï bien réconfortant.

Nous partons ensuite visiter les sites historiques du village, à commencer par la grotte, transformée en petit temple,  où fut écrit le Mahabharata par Viasa. Nous y restons quelques minutes et faisons connaissance avec un russe et un étudiant anglais qui fait sa thèse de PhD sur la religion védique.

Juste à côté se trouve le temple de Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, qui assista Viasa.

Un peu plus loin, une arche de rocher enjambant une rivière qui semble sortir de la montagne, serait l’œuvre de  Bhima, un héro du Mahabaratha.

Nous partons ensuite en randonnée vers une cascade de 140 mètres que nous atteignons en 2 heures de marche dans un paysage somptueux. Elle se jette dans une sorte de petit lac entourée de neige. L’eau qui tombe semble elle-même mêlée de glace. L’air environnant est baigné d’une sorte de crachin si bien qu’on est vite trempés. Nous descendons un peu pour nous abriter et faisons une pause déjeuner constitué d’un peu de café froid et de céréales.

De retour à Mana, nous passons devant un jeune Sadhu couvert de cendres de la tête aux pieds, puis nous nous arrêtons pour acheter des bonnets de laines artisanaux. J’entends des chants venir du centre du village où des commerçants nous ont recommandé de ne pas aller.

Nous retournons à Badrinath et allons diner dans un restaurant au bord de la rivière, contre le pont qui mène au temple. Le repas y est très bon, nous décidons d’en faire notre restaurant attitré.