Voyage en Inde

La préparation

Cette certitude fut très vite ébranlée par des informations convergeant toutes vers le même diagnostic : cette région est certes magnifique, quoique un peu fraiche, en avril et mai, mais elle est à  proscrire à juillet et aout pendant lesquels la mousson la rend impraticable, voir même inaccessible du fait des routes coupées par les glissements de terrain. Oui mais voilà, Mireille qui est enseignante ne pouvait prendre ses congés qu’en juillet et aout.

La consultation de sites internet et une conversation avec un organisateur de voyages en Inde, m’amenèrent à la conclusion que mon projet était faisable, mais qu’il était préférable de prévoir un plan B en cas de fortes pluies,  par exemple vers le Ladakh réputé pour ses treks à 5000 mètres et toujours épargné par la mousson.

J’excluais assez rapidement le voyage organisé par une agence, trop cher et peu compatible avec la nécessité de s’adapter en fonction des conditions climatiques, sachant que je n’avais de toute façon pas l’intention de me faire promener par un gentil organisateur parmi une vingtaine de touristes infantilisés. Le voyage « non organisé » oblige au contraire à une proximité avec les habitants, transformant tous les aspects du quotidien, que ce soit au restaurant, dans la rue, ou dans les transports en commun, en occasions nécessaires de s’intégrer dans la culture locale.

Toujours en me basant sur les sites internet, notamment celui de Voyage Forum où des milliers de voyageurs racontent leurs aventures et prodiguent leur bon conseils,  ainsi que sur le guide Lonely Planet dans lequel j’avais investi, j’ai passé des semaines à mettre au point ce voyage : quel itinéraire, quels moyens de transports, combien de jours à chaque étape, quel matériel et quels vêtements sachant que tout devait tenir dans un sac à dos chacun, etc.  L’itinéraire cible était ambitieux, il supposait que tout se passe bien, et se basait sur un grand nombre de jours de transport, ce qui est acceptable si on estime qu’ils font partie intégrante du voyage et évitent la monotonie.

La réservation des trois premières nuits d’hôtel sur internet s’est faite sans difficulté, tout comme l’obtention du visa pour laquelle la procédure est très bien documentée sur le site internet de l’ambassade de l’Inde. J’ai laissé Mireille s’occuper des vaccins et des médicaments à emmener.

Pour ce qui est des billets de train, cela s’est avéré impossible. Le site de la compagnie nationale des chemins de fers, l’IRCTC, permet en principe de réserver un billet en ligne. Dans la pratique c’est impossible si on ne dispose pas d’un téléphone mobile indien pour valider l’achat par SMS, ce que j’avais fini par réussir en faisant appel au frère indien du mari d’une collègue de mon épouse, et disposer d’une carte de crédit autorisée sur ce site, et très peu le sont. J’ai passé des heures sur mon PC avant d’arriver à ce constat.

La constitution du sac à dos, qui commença deux semaines avant le départ,  fut en soit une première étape qui fait presque partie du voyage. C’était la première fois que nous partions sur une longue durée avec seulement chacun notre sac à dos, avec lequel nous devions pouvoir marcher en autonomie quelques heures, ne serait-ce que pour faire la jonction entre deux moyens de transports, voire plus si difficultés. Du coup chaque objet, chaque vêtement, doit justifier de son utilité absolue au regard de son poids et du volume qu’il occupe. Nombres d’entre eux ont fait l’aller-retour, parfois plusieurs fois : dedans, et puis non dehors, et puis si, et puis finalement non : cuillère en inox recalée au profit d’une moins belle en alu, dehors le magnifique couteau suisse offert par ma mère à qui j’aurais aimé dire que je l’ai emmené jusque dans l’Himalaya,  reconditionnement du bain de bouche dans un volume plus petit, mousse à raser modèle réduit, T-shirt uniquement en lycra puisque le coton est plus volumineux, plus lourd et surtout ne sèche pas bien, etc.

Cette autonomie relative consistant à partir avec un seul sac que l’on porte seul et qui sera suffisant pendant 4 semaines joue incontestablement un rôle important dans le dépaysement, en contribuant au sentiment de liberté,  à la sensation de n’être plus rattaché au monde habituel.