Vendredi 27 – La vallée des fleurs.
Nous nous levons à 6h, après une excellente nuit, puis prenons un petit déjeuner dans un restaurant juste à côté qui deviendra norte ordinaire pour nos repas du soir et petits déjeuners.
Le temps est splendide. Il fait grand soleil. Nous partons pour la vallée des fleurs en nous arrêtan d’abord au poste de garde pour nous acquitter des 600 Rs par personne pour avoir un droit d’accès à la vallée pendant deux jours, ce qui représente quand même 1200 Rs pour deux ! Comme dans tous les autres lieux touristiques ou culturels, les tarifs pour les infdiens sont 5 à 10 fois moins élevés. Nous n’avons pas de monaie, le garde non plus, ce qui semble le tracasser. Je lui propose qu’il nous rende les 300 Rs à notre retour en fin de journée, lorsqu’il aura perçu d’autres droits de passage. Il a l’air très étonné et très heureux de cet arrangement.
L’entrée de la vallée est très escarpée. Le passage d’une zone ombragée à une zone ensoleillée du fait des orientations différentes des vallées, renforce mon impression de franchir une porte qui mène à un monde un peu mystérieux.
Nous atteignons la vallée qui s’étend au soleil sur 10 km, couverte de nombreuses variétés de fleurs, même si je ne trouve pas leur quantité excessive. « Pas de mousson, pas de fleurs » me dis-je. Mireille estime au contraire qu’il y en a beaucoup, qu’il n’y a même que des fleurs. Belle illustration de la complémentarité dans un couple. On peut en effet estimer que ce ne sont que des fleurs à perte de vue, ou, comme moi, ne compter que celles dont la partie colorée, les pétales, est réèlement visible par rapport au reste. C’est mon côté “efficacité” à comparer à son côté “vision globale”.
Le soleil frappe fort à cette altitude proche de 4000 m, et Mireille n’a pas mis sa crème solaire. Je coupe cinq ou six grandes feuilles que je tresse pour fabriquer un chapeau très surprenant, mais convenant parfaitement dans ce cadre féérique. Nous croisons un indien qui ne fait aucune remarque sur cette tenue bizarre, et n’esquisse même pas un sourire. Ils sont vraiment très respectueux ces indiens.
Nous traversons deux petits ponts en taule ondulée, et devons par deux fois nous mettre pieds nus pour passer un ruisseau.
Après quatre heures de marche, le chemin devient plus pentu, et nous nous retrouvons dans de grandes herbes qui nous arrivent à la taille. Le temps se couvre, Mireille a peur de se perdre dans le brouillard, nous décidons de faire demie tour.
Nous nous arrêtons pour pique-niquer au bord de la rivière, en face d’énormes falaises de pierres d’où tombent des cascades d’eau et où se cachent de nombreuses cavernes, d’où je m’attends à tout moment à voir sortir un hermite solitaire. Je tente de faire chauffer un peu de café dans un car placé au-dessus d’une bougie coincée entre 4 pierres pour la protéger du vent. Bref, à force de barouder dans ces coins perdus du bout du monde, j’ai fini par me prendre pour Indiana Jones et je joue à l’aventurier. Ce n’est pas très efficace, mais j’arrive quand même à obtenir un peu d’eau tiède que je mélange à de la poudre de café, un peu de lait concentré, et des céréales. C’est délicieux, mais je me suis mis du noir de bougie partout, et je suis quitte pour laver mes affaires dans l’eau de la rivière.
Après une petite sieste au bord de l’eau, nous repartons pour arriver au village à 15 h. Là nous cherchons sans succès un endroit où le téléphone capte pour avoir des nouvelles du père de Mireille qui avait été assez malade avant notre départ. Nous louons les services d’une “cabine téléphonique” dont les prix ne sont pas excessifs. Ce sont en fait de simple téléphones portables, mais équipés d’une antenne externe assez grande qui leur permet de capter même avec un signal très faible. Son propriétaire nous indique un tarif pour deux minutes vers la France, je me charge du chronomètre, et entame un compre à rebours à quelques secondes de l’échéance.