Vendredi 20 juillet – Bhojbasa
Nous quittons l’hotel à 7 heures, et passons au GVMN déposer deux sacs remplis d’affaires qui ne nous seront pas utiles à Gaumukh, ce qui nous allège de quelques kilos. Je conserve par contre les vêtements chauds pour la nuit, notamment mes vêtements de ski de fond qui serviront de pyjama.
Nous achetons des bouteilles d’eau pour la journée, j’y ajoute une bouteille de Pepsi pour soigner mon résidu de mal de ventre, et Mireille des bananes et des mangues à titre de petit déjeuner préventif à une longue journée de marche.
Nous rejoignons le chemin en empruntant un escalier d’une centaine de mètres de long qui monte du village pour rejoindre le sentier qui longe la vallée. Il est très raide, et avec le poids des sacs et surtout l’altitude nous devons déjà faire une halte arrivés en haut. Nous devons adapter notre vitesse, et repartons en marchant plus lentement, même si le sentier monte ensuite plus doucement.
Dix minutes plus tard, nous arrivons à un poste de garde où nous montrons nos laisser passer achetés à Uttarkashi. Le gardien voit que nous avons un GPS qui est interdit à cause de la proximité avec la frontière tibétaine, c’est-à-dire chinoise. Nous évitons sa confiscation en nous engageant à ne pas l’utiliser et à le laisser arrêté.
Le chemin, très praticable, large d’environ deux mètres, monte en pente très douce le long du Gange qu’il surplombe de 50 à 100 mètres. Nous avons une vue magnifique sur la vallée ensoleillée.
Nous croisons un indiens qui travaille dans le tourisme et parle français, nous discutons quelques minutes, il nous conseille de dormir à l’ashram shri Baba.
Nous arrivons à Bojbasa à 15h. Il était temps car nous n’avions plus d’eau. Nous nous rendons directement à l’Ashram conseillé. C’est un campement très rudimentaire à cent mètres du Gange, composé de six tentes, donc une servant de cuisine et de salle à manger, et une pour le gardien à qui je trouve typé amérindien même s’il me dira ensuite qu’il est népalais. Les tentes très robustes sont ferment arrimées au sol avec d’énormes pieux et sont équipées chacune de 4 ou 6 lits de camp recouverts de couettes et de couvertures. Le gardien nous en affecte une où nous sommes seuls, ils ne mélangent visiblement pas les touristes et les autochtones.
Le gardien nous offre un thé que nous acceptons bien volontiers. Il nous parle à plusieurs des règles de l’ashram que nous devons respecter. Je crains le pire, mais cela veut finalement juste dire que nous devons aller laver nous-mêmes nos gobelets.
L’air se rafraîchit à mesure que le soleil faiblit. J’enfile mon pantalon de survêtement et ma polaire, et nous allons nous promener dans le camp en direction du seul bâtiment non militaire construit en dur, et y faisons la connaissance de deux jeunes français d’une trentaine d’années. La jeune fille travaille à Dehli depuis deux ans dans une organisation non gouvernementale, elle est accompagnée de son cousin qui est venu en Inde quelques semaines. Nous discutons une bonne demi-heure, et elle nous donne quelques conseils pratiques, certain arrivant trop tard. Elle est notamment stupéfaite d’apprendre que j’ai bu un jus de fruits dans la rue, risque qu’elle n’a jamais pris depuis deux ans. Nous les invitons prendre un thé à notre Ashram, et très vite nous sommes rejoints autour de la table extérieure par une dizaine d’indiens qui viennent d’arriver. Je ne sais plus de quoi nous avons parlé, mais je me souviens que cela me était assez surréaliste de « faire salon » à 4000 mètres d’altitude au soleil couchant au bord du Gange naissant.
La nuit est tombée sur la vallée mais encore sur pic qui nous fait face et culmine à 6800 mètres d’altitude qui se trouve ainsi teinté d’une couleur orangée.
Nous passons à table sous la tente qui sert de salle à manger, et qui par sa petite taille ne permet que 4 repas simultanés. Personne ne parle, ni le gardien qui nous sert, ni les deux autres convives. Je me dis que ce silence est peut être lié à un certain cérémonial en des lieux aussi sacrés pour les indous. Mireille commence à me dire quelque chose, dans le doute je lui fais un grand « chut ! » qui fait éclater de rire le gardien du camp. Le repas est le même qu’ailleurs, mais en encore plus rustique : légumes bouillis dans un jus épicé, riz et une galette de chapati.
Nous partons nous coucher sous la tente. Ne sachant pas trop quelle température il fera pendant la nuit, je me couvre beaucoup : sursac du duvet qui isole aussi de la crasse supposée et d’éventuelles bestioles, duvet, drap en soie, et sous vêtement et pantalon de ski de fond amenés pour l’occasion. J’ai un peu trop chaud au début, mais en final ce c’est très bien. Je ne sais plus à quoi je pensais en m’endormant, mais je me souviens que j’avais un sentiment étrange de vivre un moment exceptionnel.