Vendredi 4 Mai 2012 – Comment tout à commencé
Le train m’amène à Clermont Ferrand pour un rendez-vous au Conseil Général du Puy de Dôme où je dois expliquer en quoi un équipement des collèges en tablettes constituerait une excellente initiative de leur part. Le prix de l’avion m’étant paru excessif pour deux heures de réunion, j’avais décidé d’y aller en voiture jusqu’à Nevers, puis en train de Nevers à Clermont Ferrand.
J’aime ces moments de calme où on n’a rien d’autre à faire que de prendre un peu de recul par rapport au quotidien qui va toujours trop vite, où l’on peut réfléchir sereinement à l’abri des équipements électroniques dont nous sommes trop souvent esclaves.
Comme souvent, je m’étais fixé un objectif mettant à profit cette heure de réflexion imposée. Cette habitude qui m’était assez familière me permettait de ne pas avoir l’impression de perdre mon temps dans les transports, et débouchait parfois sur des vraies idées que je n’aurais pas eues si j’avais été submergé par un flot incessant d’évènements extérieurs.
Il s’agissait ce jour-là de résoudre un épineux problème qui devenait urgent régler. Dans deux semaines je fêtais mes 50 ans, une petite fête avait été organisée à la maison avec famille et amis, mais une grande question demeurait en suspens : quel cadeau allaient-ils m’offrir ?
Jusqu’à présent j’avais fui cette délicate question, le vrai problème étant d’accepter de franchir le cap des 50 ans et non de savoir quel pseudo consolation j’aurais en échange.
Le rythme tranquille du train et les vallons qui défilaient me suggérait un premier axe de réponse. Ce serait un voyage. Oui mais où ? Les voyages qui me feraient accepter de renoncer au GR 20 et au sable chaud des plages corses ne sont pas pléthores. J’avais déjà tenté les Pyrénées l’été précédent, mais moins de 10 jours après avoir franchi le port Couillac dont le nom avait été la seule raison de cette infidélité faite à l’Ile de Beauté, je me retrouvais de nouveau avec mon épouse Mireille en haut du monte Cinto, que nous avons même fait deux jours de suite comme pour mieux nous faire pardonner de cette dramatique erreur.
D’ailleurs, ce voyage devait absolument inclure une composante de dépassement physique, d’aventure, de grands paysages sauvages, et qui devait forcément être supérieure à ceux de la Corse, puisqu’il marquait un évènement exceptionnel, alors que la Corse c’était de l’habituel.
Parmi les multiples destinations possibles, l’Inde avait ma préférence. Le Bagavad Gita, le Ramayana, le Mahabaratha, les Upanishads, les vies de Boudha et quelques recueils de pensées de grands maitres sont autant de lectures qui avaient aiguisé ma fascination pour ce continent, sa culture, sa spiritualité et ses religions.
C’est alors que les fameuses tablettes qui étaient à l’origine de mon voyage vinrent à mon secours. De façon assez directe d’abord, puisque profitant d’une furtive connexion 3G, je pus consulter quelques sites internet et me rassurer sur le fait que l’Inde disposait bien de régions montagneuses constituées par une bonne partie du massif Himalayen.
De façon très indirecte ensuite, puisque la lecture de la biographie de l’inventeur de l’iPad , Steve Job, m’avait amené à lire un très ancien best seller qui y était mentionné plusieurs fois comme un livre de référence du fondateur d’Apple, « Autobiographie d’un Yogi ». L’auteur y racontait son périple dans une zone de l’Himalaya qui paraissait magique, qui était la demeure de dieux, et où vivaient encore des Yogi multi centenaires…
Les sites internet me confirmaient que cette région, qu’on appelait le Garhwal, dans l’état d’Uttarakhand, était à la fois un haut lieu de la spiritualité hindoue destination de pèlerinages vers les sources du Gange, et une région de haute montagne abritant de magnifiques randonnées à 4 000 m d’altitude loin de tout tourisme occidental.
C’est là que nous irions.